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Les Homéostasies (dynamiques) par l'exemple de la famille.

  • Coyote Legrain
  • 8 avr. 2019
  • 9 min de lecture

Comment prendre SA place en toute tranquilité.


Contexte


L’idée de comprendre l’homme dans son environnement est aussi vieille que l’humanité, mais la croire immuable serait un raccourci bien peu représentatif de l’évolution. Si Darwin, dans sa pensée naturaliste, expliquait bien le « struggle for life » ou « lutte pour la vie », cette dernière, selon les contextes géopolitiques, n’est certainement pas la même, voire presque absente dans certains pays. Si la guerre est une malheureuse réalité dans certaines zones du globe, cela n’en fait pas une réalité mondiale. « Nous devons tous nous battre » équivaut à dire que tous les humains mangent avec une fourchette. Que dire, dès lors, des baguettes, des cuillères, des doigts, … ? Tous, autant que nous sommes, avons des façons d’appréhender la vie des autres en la comparant de la nôtre. Pourtant, nos cultures, nos milieux socio-culturels, nos types de sensibilité et d’intelligence font de tout un chacun un être unique, vivant dans un milieu, une homéostasie précise.


« Oui mais évidemment, si tu le sors de son contexte … » Qui ne s'est pas un jour ou l'autre retrouvé à dire cela ? Amateurs de football, ne criez-vous pas de temps à autres « C'est hors-jeu? » Et qui éprouve du plaisir à jouer avec un tricheur ? N'avez-vous jamais dit : « Ce n'est pas ce que je voulais dire" ou bien encore « C’est parce que je croyais que tu l'avais fait ».

Par ce bref préambule, nous pourrions comprendre alors que toute affirmation non contextuelle deviens erronée, voire mensongère. Dès lors, communiquer, une question de point de vue ?

Définition


L’homéostasie est un principe biologique selon lequel toute forme de vie tend à la survie par l’équilibre. Dans un groupe se constituant spontanément, chacun va occuper une place, dont la fonction est indispensable au groupe. Une fois les places occupées, les fonctions réparties, s’ensuit une dynamique d’équilibre dont la force tient à l’aspect immuable des rôles de chacun. Si un seul membre veut changer de place, c’est la structure qui est menacée, et, naturellement, le groupe s’oppose au changement. Ce maintien de l’équilibre « à tout prix » a ses points forts et ses points faibles.


Les paramètres sociaux, comme le cadre (famille, entreprise, en Belgique), les règles (lois, biologie, culture) et les nuances (valeurs, déontologie,…) sont trop souvent compris comme une opposition au changement constructif. Mais cette opposition étant fondamentalement « primitive », elle correspond à notre besoin animal de protéger notre territoire, et le groupe réagit de manière autonome face à l’intrus, aux modifications que l’on veut apporter à « quelque chose qui fonctionne bien ». Si la mousse n’avait pas l’ombre de l’arbre, si l’arbre n’avait pas l’eau, jamais le marais n’existerait. Bouger l’arbre de place peut donc avoir d’importantes répercussions. Nous appellerons ici homéostasie vicieuse la dynamique de groupe au sein de laquelle la place de chacun est définie par survie et non par potentiel réel. Nous appellerons homéostasie vertueuse la dynamique de groupe où chacun a sa juste place.



1) L’homéostasie vicieuse (pathogène)

Après avoir occupé une place afin de construire, maintenir et protéger son groupe, l’individu cherche sa place. Comme nous l’avons vu, pour préserver l’homéostasie, le groupe s’y oppose. Quatre possibilités s’offrent à lui :


- La fuite. Ne se sentant pas à sa place dans le groupe donné, l’individu s’enfuit dans l’espoir de trouver sa place dans une nouvelle homéostasie. Arrivant le dernier dans un groupe déjà organisé, il ne peut qu’occuper la place qui reste.


- La lutte. Faisant, seul, face au groupe, la recherche de la domination devient l’objectif à atteindre. S’il sort vainqueur, l’individu se retrouve seul. S’il sort vaincu, il sera dominé ou mort.


- Le fonctionnement. Acculé, l’individu rentre dans le « métro-boulot-dodo », ne se donne plus libre accès à ses potentiels, ses réflexions, et remplit les tâches qui lui sont assignées, qu’elles soient de ses compétences ou non.


- L’ancrage. La seule de ces quatre dynamiques à être positive, c’est la capacité qu’a l’individu de s’adapter, physiquement et émotionnellement, à une situation donnée après l’avoir comprise.



2) L’homéostasie vertueuse (saluthogène)

Afin de pouvoir correctement communiquer, de développer correctement nos seuils de compétences, nous avons besoin de « prendre du recul », d’avoir une vision aussi bien générale que particulière d’une situation donnée. Nous avons tous le besoin et l’envie d’exploiter nos potentiels afin d’améliorer nos moyens d’interaction avec notre environnement. Pour cela, nous avons besoin de « nous sentir bien dans notre peau, d’avoir les idées claires et d’avoir du cœur au ventre ». Au sein du groupe, si nous trouvons notre place, nous pouvons interagir sereinement avec notre environnement. Nous quittons la culpabilité pour la responsabilité. Si notre place est ancrée dans nos compétences, notre fonction devient une nouvelle dynamique profitable au groupe. Mais, comme nous changeons, la dynamique change. Dès lors, la reconnaissance de notre place va dépendre de la validité de nos actes et de nos propos. Nous pouvons comprendre notre évolution par ce petit schéma :

Zone de confort -> zone de compétence


La zone de confort, comme son nom l’indique, traduit une situation sans problèmes –ou presque-, facile et sans encombres. La zone de compétence, quant à elle, définit un espace bien plus large, qui nécessite l’usage de toutes nos ressources, réelles et exploitables. La flèche traduit une intentionnalité, une volonté de dépassement, d’accomplissement des potentiels réels. Sans la conscience de cette dynamique, il nous est presque impossible de nous dépasser, de nous « trouver bien » quelque part. Etre bien dans un groupe nécessite donc d’identifier tout ce qui nous stresse au sein de l’homéostasie, de comprendre où et quand nous pouvons mettre notre énergie et d’y trouver notre juste place en fonction de nos moyens et de nos compétences.



3) « Les règles du jeu »

Au sein d'une famille « classique », par opposition à la « recomposée », la place de chacun est-elle clairement définie, et comprise par tous ? Et dans la famille recomposée, les rôles, natures et fonctions sont-ils similaires ? Dans la famille, le père est la loi, la mère l’application de la loi. Attention aux levées de boucliers : la « loi » est définie par les deux, mais le père la représente et la mère la rappelle. « Tu as entendu ce qu’a dit papa » n’a de valeur que si papa a dit quelque chose, et ne signifie pas que papa décide tous seul sans consulter maman. Cet échange a lieu hors de la présence des enfants, afin que les valeurs familiales ne soient pas remises en cause par les enfants.


Dans une famille recomposée, et par cohérence, on constatera qu’idéalement, le parent est la loi, le conjoint est l’application de la loi, et ce, indépendamment du sexe. Il n’en reste pas moins que la prise de décision (ou la répartition des responsabilités) se fait à nouveau en l’absence de la progéniture.


Tout comme au Stratego dans lequel un démineur ne peut avoir le dessus sur un Maréchal, la place de l'enfant ou de l'adolescent est régie par des règles, parfois plus simples, parfois plus complexes que ne le laisseraient présumer nos croyances et nos habitudes.


Les règles biologiques tout d'abord, par la nature et la fonction du mâle et de la femelle. Un homme et une femme ne pensent pas, ne ressentent pas, n’appréhendent pas la vie de façon similaire. Pour exemple, une maman bordera délicatement son enfant, lui racontera une histoire en douceur. Un papa, juste après, arrive et chatouille allègrement son enfant qui va gesticuler et rire, s’agiter… au plus grand désarroi de la maman ! La fonction n’est pas la même, le mâle servant naturellement à stimuler l’instinct ludique ! Le succès des ouvrages de vulgarisation « martiens ou vénusiens » exprime suffisamment l’importance de comprendre ces différences.


Les règles socio-culturelles ensuite, par l'influence du milieu sur l'individu. La manière de toucher ou non son interlocuteur, de lui parler en le regardant ou non dans les yeux, mais aussi l’usage d’expressions, d’interjections,… De « smart » à « Swag », d’élégant à « trop stylé », il y a un abîme ! Pour les adolescents, « IRL », « kikoulol » ou « no life » sont aussi compréhensibles que pour un adulte « B2B », « project manager » ou « e-impact ». Les champs sémantiques, les codes, les us et coutumes varient considérablement, parfois d’une commune à l’autre, d’une région à l’autre… Selon les âges, les expériences, les milieux d’apprentissage et d’échange… quand ces derniers existent.


Les règles légales, enfin, trop souvent oubliées et qui pourraient, à elles seules, simplifier beaucoup de dynamiques inter-relationnelles. Saviez-vous qu’il est illégal d’insulter quelqu’un ou d’être grossier ? Qu’un seul SMS suffit pour porter plainte ? Que le respect est un devoir jusqu’à temps que l’on nous respecte ? Sinon, nous sommes « seulement » tenus de rester polis. Que la confiance n’est en aucun cas un état de fait, mais bel et bien une construction ?


Le « respect des règles » est donc essentiel, pour la bienséance, la reconnaissance, l’efficacité… Un papa n’est pas une maman, un enfant « n’est pas le chef », et si la violence est proprement illégale en Belgique, même au sein d’une famille, cela va dans les deux sens : pas plus les adultes que les jeunes n’ont le droit d’atteindre à l’intégrité physique d’autrui. Ni au sein d’un couple, ni dans un groupe sportif, …


Nous « jouons » tous des rôles, et les relations humaines sont basées sur la connaissance et le respect des règles du jeu auquel on joue. Si le plateau de jeu au centre de la table est le Monopoly, mais que l’enfant joue avec les règles d’Uno, l’adolescent avec les règles d’Heartstone, le papa à Magic et la maman… au Monopoly, personne ne risque de s’amuser.


En guise d’exemple, certaines règles simples permettent de mettre en place des dynamiques vertueuses sans se prendre la tête, comme : « D’abord obéir, ensuite discuter. Non discuter pour voir si l’on va obéir ». Ou bien encore « Ce qui n’est pas dit n’est pas censé être su». Si je n’explique pas à mon fils comment nouer ses chaussures, comment puis-je lui reprocher son incapacité à le faire ? Enseigner, transmettre, éduquer, cohabiter, c’est bel est bien chercher à comprendre et se faire comprendre, en aucun cas avoir raison. D’où l’importance, non pas d’être d’accord, mais de se mettre d’accord. Tout un programme… pas si irréalisable que ça !



4) Enfance, adolescence et vie d’adulte : quelles compatibilités ?

Les enfants vivent dans un monde où ils pensent être libres, alors qu’ils sont par définition dépendants : le petit d’homme est un prématuré, dans le monde animal.

Les adultes sont libres, donc autonomes, mais beaucoup se sentent prisonniers par leurs métiers, leurs homéostasies, …


Les adolescents, en Europe, sont véritablement « entre deux feux ». Partagés entre « Tu n’es plus un enfant » et « Tu me dois le respect, c’est moi l’adulte », leur place reste fort floue. Ironiquement, nous pourrions concevoir que le seul rite initiatique culturel que nous ayons est le permis de conduire. Les ados sont généralement libres à concurrence du niveau de confiance qu’on leur accorde. Il importe dès lors qu’ils soient mis « en contexte », car leurs comportements, premièrement ne les réduisent pas à leurs identités, et deuxièmement, varient souvent considérablement entre « la famille » et « dehors ».


Pour tout âge, on pourrait ainsi comprendre la liberté comme la conscience des limites, réelles et non imaginées, présupposées.

Mis tous ensemble dans une même maison unifamiliale, les enfants, adultes et vieilles personnes vont vivre à des rythmes différents, des heures de réveil, de sommeil, de travail rarement compatibles. Si, au sein de cette famille, chaque membre désire se voir, cette volonté nécessitera la participation, la conscience et la motivation de chacun.


Comprendre, structurer et respecter ces temps en fonction des règles définies et connues par tous est un outil remarquable : gestion des tâches et des devoirs, « temps des enfants » et « temps des parents », mais aussi temps en famille, seul ou en couple. Temps consacré au métier et à la vie privée (dynamique fondamentale au 21e siècle, qui concerne le « blurring » et la déconnection »)…


Nous disons souvent que, pour être bien, cela nécessite « d’être sur la même longueur d’onde », de « vibrer » sur des même choses, des même passions. Rendre compatibles les membres d’une même famille nécessite donc d’apprendre et réapprendre à se connaître, se reconnaître par les compliments, les encouragements… Mais aussi à oraliser, sortir de la « loi du silence » certaines dynamiques qui pèsent à tous. Ne pas nommer, c’est souvent cautionner, et il n’est pas juste d’imposer le poids de secrets à quelqu’un qui n’a rien demandé, placé devant un fait accompli.



5) Toute la même place ?

Nature et fonction, rôle et personne, identité et comportement sont des éléments que nous associons trop rapidement dans nos dynamiques relationnelles, et surtout familiales. Le propre de l’enfant est de désobéir pour comprendre l’intérêt et l’importance des règles et des circonstances. La fonction de l’adulte est de définir et d’expliquer des règles congruentes. « Etre exemplaire sans être irréprochable » est la curieuse fonction des parents modernes. Mais si les punitions tendent à disparaître, voire à devenir illégales, comme par exemple les punitions corporelles, paradoxalement, les jeunes n’ont jamais autant possédé. Ainsi, si jusqu’à la fin du 20e siècle, un certain équilibre s’opérait entre punitions et récompenses. Toucher à cette dynamique en donnant toujours autant mais en sanctionnant moins génère un déséquilibre qui se retrouve partout : en famille, mais aussi dans le milieu scolaire, professionnel, … Si le harcèlement, la délation, la violence sont, à raison, montrés du doigt, le « règne de l’enfant-roi », et des employés déresponsabilisés ne doit pas pour autant constituer la nouvelle réponse.


Reste, à ce compte, à définir plus clairement un paramètre qui semble, parfois, avoir été oublié : celui du mérite. S’il n’est heureusement pas permis de faire du tort, de manipuler, de frapper ou de contraindre son prochain et ses proches à des desiderata « parce que », il importe néanmoins de ne pas quitter une culture de devoir pour une culture de droit. Dans une société, une famille, une entreprise, c’est bel et bien la place de chacun qui va permettre à l’ensemble de progresser : l’injustice n’est pas la justice, le silence n’est pas l’évidence. Nous avons tous à cœur d’avancer, de nous amuser. L’un des sens de la vie est probablement le partage : cela nécessite que, tous, nous ayons un rôle à jouer, avec des fonctions claires, des responsabilités énoncées, … Si la vie est un mouvement, elle s’anime bien plus encore quand notre intention bienveillante et consciente précède nos actes et nos paroles !

 
 
 

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